Présentation de l'éditeur :
Anna et Francesca
ont treize ans, presque quatorze. C’est l’été à Piombino, ville désolée de
Toscane bien loin de l’image de carte postale que l’on peut s’en faire quand on
n’est pas d’ici. Chez elles, pas de vignes et Florence et son art sont bien
loin. Leur quotidien : des barres d’immeubles insalubres et surtout l’aciérie,
personnage monstrueux qui engloutit jour et nuit tous les hommes du coin.
Les hommes, ils ne
sont pas à l’honneur dans le roman de Silvia Avallone. Le père d’Anna est un
fantôme, un voyou du dimanche qui réapparait quand ça lui chante. Celui de
Francesca nous est présenté dès les premières lignes, puissantes, comme un
homme qui épie sa fille aux jumelles pendant qu’elle joue sur la plage, obsédé
par ce corps qui se transforme, irrémédiablement, malgré les coups qu’il lui
porte, ce géant sans cervelle.
Mais Anna et
Francesca, les reines de la cité, éclaboussent toute cette laideur de leur
jeunesse insolente. Treize ans et demi mais déjà starlettes, elles jouent de
cette aura qu’elles savent par instinct éphémère, avant que la réalité des
autres ne les rattrapent. En attendant, elles rêvent. D’être écrivain ou femme
politique pour l’une, de passer à la télé de Berlusconi pour l’autre, ou
simplement d’aller ensemble, pour la première fois à l’île d’Elbe, inaccessible
et pourtant à quelques brasses de leur cité plombée.
Autour d’elles, il y
a aussi le grand-frère d’Anna, Alessio, Apollon échoué au royaume d’Hadès,
amoureux abandonné, déjà usé à vingt ans par des années passées au haut
fourneau, à faire couler l’acier et à se défoncer pendant les pauses. Sandra,
leur mère, la militante d’extrême gauche, qui assure et qui se maudit d’aimer
malgré tout son vaurien de mari. Rosa, enfin, la mère de Francesca, la petite
calabraise arrachée à son village par Enrico, cet homme fruste qui les enferme
dans sa folie et qu’elle ne quitte pas. Pour aller où ? C’est trop tard
semblent-ils tous penser. Les parents, les vieux, les grands-frères, résignés,
lassés, tous. Pas Anna et Francesca, pas si elles sont deux, toujours.
"D’acier"
est un roman physique, qui vous happe dès la première page, pour vous relâcher,
quatre cents pages plus tard, un peu sonné, avec le sentiment d’être face à un
futur grand écrivain qui, à tout juste vingt cinq ans, fait preuve d’un sens de
la narration assez exceptionnel et d’une capacité à saisir l’essence de
l’adolescence, ces amitiés fusionnelles qui nous construisent et cette
obsession de la beauté, cette fascination régressive qu’elle peut susciter chez
ceux qui n’en sont plus.
D’acier pourrait
n’être qu’un portrait social sombre d’une Italie de banlieue, de laissés pour
compte sans envergure, pauvres humains tentant de se dépêtrer d’un monde qu’ils
n’ont pas vu venir. Il est bien plus que cela. L’acier est constitué d’au moins
deux éléments. D’acier aussi : d’une réalité désespérante et d’une petite
poésie qui s’élève malgré tout, et l’ensemble, ça donne un sacré bon roman.
Mon avis :
Une cité pauvre au
bord de la mer face à l'ile d'Elbe, deux adolescentes qui passent trop vite
dans le monde des adultes, leurs familles pas toujours simple, leurs amis et puis l'usine où on produit l'acier,
personnage à part entière. Cela fait un roman haletant qui nous emmène dès les premières pages, des personnages pas
toujours sympathiques mais que l'auteur nous rend attachants malgré tout, c'est
deux années de la vie d'Anna et Francesca et de ceux qui les entourent qui nous est contée, c'est
l'adolescence et ses troubles, c'est l'amitié, l'amour, les colères, les drames
dont on est témoin dans un tourbillon qui ne nous lâche qu'à la toute dernière
page.
L'écriture est
dense, fluide, très agréable à lire, parfois avec un coté cinématographique,
Silvia Avallone nous embarque dans son roman et il est bien difficile de
s'arrêter.
Et au fond du
paysage, comme un rêve permanent, l'ile d'Elbe, Anna et Francesca finiront-elles par y
aller, ensemble ?