jeudi 15 mai 2014

Le liseur du 06h27 - Jean-Paul Didierlaurent

Présentation de l'éditeur :


Guylain Vignolles est préposé au pilon et mène une existence maussade et solitaire, rythmée par ses allers-retours quotidiens à l’usine. Chaque matin en allant travailler, comme pour se laver des livres broyés, il lit à voix haute dans le RER de 6H27 les quelques feuillets qu’il a sauvé la veille des dents de fer de la Zerstor 500, le mastodonte mécanique dont il est le servant.
Un jour, Guylain découvre les textes d’une mystérieuse inconnue qui vont changer le cours de sa vie…



Mon avis :

Un employé solitaire, un vieil ami cul de jatte, un gardien qui manie l'alexandrin, une dame pipi, toute une maison de retraite, et puis, les livres, la lecture, l'écriture. Vous mélangez tout ça et il en sort un conte très original qui se dévore d'une traite. Jean-Paul Didierlaurent nous emmène dans un monde original et sensible  pour une histoire très agréable à lire. Le style est clair, léger, on se sent bien dans l'histoire, réaliste, pas réaliste, je ne sais pas décider, j'ai envie que ce soit réel, mais comment prendrait on quelqu'un qui chaque matin fait la lecture à haute voix dans le train ? Après lecture de ce livre, je dirais bien, mais est ce bien sur dans la vraie vie ? Bref, un conte, une histoire d'amour … à vous de découvrir. J'ai adoré.

Extraits :

Peu importait le fond pour Guylain. Seul l’acte de lire revêtait de l’importance à ses yeux. Il débitait les textes avec une même application acharnée. Et à chaque fois, la magie opérait. Les mots en quittant ses lèvres emportaient avec eux un peu de cet écœurement qui l’étouffait à l’approche de l’usine. 

"C'est droit comme une épée, un alexandrin, lui avait un jour expliqué Yvon, c'est né pour toucher au but, à condition de bien le servir. Ne pas le délivrer comme de la vulgaire prose. Ça se débite debout. Allonger la colonne d'air pour donner du souffle aux mots. Il faut l'égrener de ses syllabes avec passion et flamboyance, le déclamer comme on fait l'amour, à grands coups d'hémistiches, au rythme de la césure. Ça vous pose un comédien, l'alexandrin. Et pas de place pour l'improvisation. On ne peut pas tricher avec un vers de douze pieds, petit." 

 On attend d'une dame-pipi qu'elle nettoie, pas qu'elle écrive. Les gens peuvent concevoir que je fasse des mots flèchés, des mots croisés, des mots mêlés, des mots cachés, des mots enfermés dans toutes sortes de grilles. Ces mêmes gens peuvent également admettre que je lise à mes heures perdues des romans-photos, des hebdos féminins, des magazines télé, mais que je pianote de mes doigts abîmés par l'eau de Javel sur le clavier d'un ordinateur portable pour y coucher mes pensées, ça, ça leur interpelle l'entendement. Pire, ça porte à suspicion. Il y a comme un malentendu, une erreur de casting. 





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire