jeudi 18 décembre 2014

Nexus - Ramez Naam

Présentation de l'éditeur :


L'an 2040. Nexus est une nouvelle nano-molécule capable de relier les cerveaux entre eux. Alors que certains veulent l'exploiter, d'autres cherchent à l'anéantir. Kade, un jeune étudiant biologiste, voit dans cette drogue de nouvelles possibilités de communication et un immense progrès pour la société. À l'aide d'une poignée d'amis, il parvient à l'améliorer afin qu'il ne soit plus nécessaire de la consommer régulièrement pour en ressentir les effets. Mais les agences gouvernementales sont à leurs trousses… Sam, une espionne travaillant pour le compte de l'ERD (Emerging Risks Directory), les contraint à coopérer : Kade doit servir d'appât en intégrant l'équipe de Su-Yong Shu, une célèbre et géniale scientifique chinoise soupçonnée par l'ERD de travailler sur une technique lui permettant d'asservir les gens contre leur volonté. Dans un monde où se mêlent scientifiques chinois, moines bouddhistes et agents de la CIA, le jeune homme ne tardera pas à s'apercevoir que les enjeux sont bien plus importants qu'un simple trafic de stupéfiants… 

Mon avis : 

2040, un groupe d'étudiants améliore et teste une nanomolécule, pensant qu'elle peut faire progresser l'humanité. Les autorités ne sont pas du même avis et la considèrent comme une drogue. Une aventure pleine de rebondissements va en découler.
On retrouve dans ce livre beaucoup des thèmes de la contreculture qui s'est développée aux États Unis après la seconde guerre mondiale et a conduit à l'invention de l'ordinateur personnel et d'internet (thèmes développés dans le livre de Fred Turner : "Aux sources de l'utopie numérique : de la contre culture à la cyberculture"). Drogues, technologies nouvelles, mouvements de jeunes. On y trouve aussi les thèses du transhumanisme chères à certains dirigeants actuels d'entreprises de technologies de pointe.
Le déroulement du récit est trépidant et on a aucune envie de lâcher le récit. C'est un livre de science fiction, mais qui se base sur une bonne part de découvertes déjà existantes.
Des questions éthiques sont évoquées, par exemple celle du choix entre les risques et les bienfaits d'une nouvelle technologie, l'usage de masse permettra-t-il suffisamment de progrès pour contrebalancer les inévitables dérives ? Une question qui est parfaitement d'actualité aujourd'hui.
Autre question d'une actualité brulante, jusqu’où peuvent aller les états  dans la surveillance des populations  et sous quels motifs ?
Quels risques font courir à la liberté des organismes de contrôle eux-mêmes hors d'un véritable contrôle citoyen ?
Mais que l'on ne s'y trompe pas, si sur le fond les thèmes abordés sont très sérieux, ce livre est d'abord une aventure qui emmène le lecteur de péripéties en rebondissements pour son plus grand plaisir. Très bien écrit sans lourdeur ni longueur.  Je résume : j'ai adoré !

samedi 18 octobre 2014

De ma jungle affecTUEUSEment - François Boucher

Présentation de l'éditeur :


Après la mort de sa collègue Antoinette qui a essayé d’ouvrir une lettre empoisonnée provenant de Hong Kong (« Curiosity killed the cat », comme disent les Anglais…), l'héroïque concierge Léonie Burot, bien embêtée car en partie responsable, tente de percer le mystère avant que l'inspecteur Fleurus et ses gros sabots ne l'impliquent trop... Une locomotive, un louche individu surgi du lointain passé d’une lointaine colonie, et quelques mystérieux Chinois ne font que compliquer l’affaire…

Un polar historique entre le Paris des années 50 et la trop méconnue colonie de Kwang-Tcheou-Wan avant-guerre (Fort-Bayard, aujourd’hui la grande ville de Zhanjiang dans la province du Guangdong). Entre Miss Marple pour l'ambiance…et Claude Farrère pour l'exotisme !

Mon avis : 

Un polar teinté d'histoire, dès la couverture on est dans l'ambiance. L'histoire se déroule  sur deux époques et deux lieux ; une ancienne colonie française quelque part en Chine juste avant et pendant la dernière guerre mondiale et puis à Paris dans les années 50. Elle met en scène deux cheminots partis chercher fortune dans les colonies en 1936 et, dans les années 50, Léonie, concierge dans les beaux quartiers et qui compte bien comprendre pourquoi elle se retrouve impliquée dans des évènements bien mystérieux qui semblent prendre leur source bien loin de sa loge.

On fait un saut dans le temps à chaque chapitre et l'histoire évolue sans laisser le temps au lecteur de souffler pour son plus grand plaisir.

L'intrique est ingénieuse, le style léger et plein d'humour. Au passage on fait une petite incursion dans une période de l'histoire assez peu connue. Bref, un livre que j'ai lu d'une seule traite et que j'ai beaucoup apprécié.


mercredi 20 août 2014

Demain la veille ou la joie d'avoir vécu - Jacques Olivier Durand


Présentation de l'éditeur :


Avec plus que quelques mois à vivre, le narrateur pourrait profiter des derniers plaisirs de la vie. Mais au lieu de se cogner au présent, il va profiter du temps qu'il lui reste pour adresser les remerciements qu'il n'a jamais exprimé.  




 Mon avis : 
  
La première question que je me suis posé en commençant le livre c'est s'il allait falloir sortir les mouchoirs. En fait, il y a de beaux moments d'émotion, le début en particulier, mais aussi tout au long du récit,  émotion que chacun ressentira probablement plus ou moins intensément selon sa propre expérience. Le narrateur nous donne de très jolies leçons de vie au travers des remerciements qu'il exprime, les rencontres avec de belles personnes , les souvenirs de lieux qui ont marqué sa vie, la chanson, le théâtre et bien sur ses proches, famille et amis.

Sans doute ai-je été particulièrement sensible à ce récit étant d'une génération proche de celle du narrateur avec beaucoup de références  culturelles communes, mais avant tout c'est l'idée de ce retour positif sur le passé qui m'a beaucoup touché.

Le style est clair, simple, agréable. Un très beau livre. 

 Extraits :

La lune, me répond doucement Léa, c’est la façon dont on la regarde qui la fait ou non briller ; elle ne peut être qu’une pâle virgule dans un ciel voilé ou devenir un astre brillant, objet de rêves mystérieux.

 Personne ne peut mesurer l’importance que prit ce non sans justification profonde, sans préparation véritable, sans avenir calculé, moi qui justement n’ai jamais su dire non. En le prononçant, j’ai pour la première fois eu le sentiment d’être complètement maître de ma liberté, d’être enfin (bien que la formule soit un peu pompeuse) l’auteur de ma vie. Pour la première fois.

 Tous m’ont appris que l’acte d’écrire ne se justifie que s’il est vital ; s’il permet de vivre ou de survivre, comme dans le sublime et bouleversant L’Autre et l’Écrivain de l’Uruguayen Carlos Liscano qui a rencontré l’écriture dans la solitude des prisons, jusqu’à se faire dévorer par elle, aux sens propre et figuré, pour conclure que l’écrivain qu’il est, est peut-être bien une invention. Je voudrais tant croire aujourd’hui que lire aussi aide à survivre.

Comme je partage votre point de vue ! Les livres sont une armée d’occupants. Ils commencent par s’approprier une partie de votre territoire (souvent votre bureau) puis s’infiltrent peu à peu, dans les autres pièces, une par une. Insidieusement. Ils grimpent aux murs, repoussent les plafonds, rampent sur les sols où rien ne peut les repousser ; se glissent dans les espaces les plus étroits. Parfois, prétextant un coup de main, ils s’érigent en pied de table ou en tabouret.

 Je vous invite donc à la plus extrême vigilance. Car pour notre grand malheur, croyez-moi cher Monsieur, les livres, à notre insu, se reproduisent. Je n’ai certes jamais assisté à une copulation (cela doit se faire in vitro !) mais je crois mes soupçons fondés : ne voit-on pas apparaître en format de poche des ouvrages qui ressemblent trait pour trait à leurs parents ?

Je ne compte plus les spectacles qu’elle m’a permis de découvrir, les émotions qu’elle m’a fait partager, les moments de joie ou de tristesse qui ont bousculé ma propre pensée. Être ému jusqu’à penser autrement, c’est cela qu’on demande aux œuvres d’art.

mardi 8 juillet 2014

Médecin de campagne - Charles Lanot

Présentation de l'éditeur :


Pour soigner les gens, il faut être poète. En vieillissant, le médecin Charles Lanot est devenu conteur. « Il était là, telle chose lui advint »
Parcourant la campagne normande pour visiter ses patients, il cerne les pans de vie simples et cependant insensés et romanesques de ses malades ; il raconte les rencontres extraordinaires et les situations cocasses. Alors que la médecine n’est plus qu’une affaire de spécialistes, c’est pour que son expérience de médecin de campagne ne tombe pas dans l’oubli qu’il publie ses souvenirs. Ils ne constituent pas seulement le requiem d’une médecine désormais disparue, mais aussi un témoignage historique sur toute cette moitié du XXème siècle.
« En ce temps-là, il n’y avait que les valets de chambre et les médecins de campagne qui étaient tenus de répondre, par tous les temps et à tout moment, dès qu’on les sonnait. »

Mon avis :

Médecin de campagne à la retraite, Charles Lanot, nous livre de belles histoires pleines de poésie et d'humanité. Des personnages attachants dans leur vie de tous les jours, dans le bonheur ou le malheur. Pas de voyeurisme, beaucoup de tendresse, un peu d'autodérision, un livre qui se lit d'une traite.
L'écriture est toute simple et pleine de références littéraires , un très beau livre plein d'espoir.

jeudi 15 mai 2014

Le liseur du 06h27 - Jean-Paul Didierlaurent

Présentation de l'éditeur :


Guylain Vignolles est préposé au pilon et mène une existence maussade et solitaire, rythmée par ses allers-retours quotidiens à l’usine. Chaque matin en allant travailler, comme pour se laver des livres broyés, il lit à voix haute dans le RER de 6H27 les quelques feuillets qu’il a sauvé la veille des dents de fer de la Zerstor 500, le mastodonte mécanique dont il est le servant.
Un jour, Guylain découvre les textes d’une mystérieuse inconnue qui vont changer le cours de sa vie…



Mon avis :

Un employé solitaire, un vieil ami cul de jatte, un gardien qui manie l'alexandrin, une dame pipi, toute une maison de retraite, et puis, les livres, la lecture, l'écriture. Vous mélangez tout ça et il en sort un conte très original qui se dévore d'une traite. Jean-Paul Didierlaurent nous emmène dans un monde original et sensible  pour une histoire très agréable à lire. Le style est clair, léger, on se sent bien dans l'histoire, réaliste, pas réaliste, je ne sais pas décider, j'ai envie que ce soit réel, mais comment prendrait on quelqu'un qui chaque matin fait la lecture à haute voix dans le train ? Après lecture de ce livre, je dirais bien, mais est ce bien sur dans la vraie vie ? Bref, un conte, une histoire d'amour … à vous de découvrir. J'ai adoré.

Extraits :

Peu importait le fond pour Guylain. Seul l’acte de lire revêtait de l’importance à ses yeux. Il débitait les textes avec une même application acharnée. Et à chaque fois, la magie opérait. Les mots en quittant ses lèvres emportaient avec eux un peu de cet écœurement qui l’étouffait à l’approche de l’usine. 

"C'est droit comme une épée, un alexandrin, lui avait un jour expliqué Yvon, c'est né pour toucher au but, à condition de bien le servir. Ne pas le délivrer comme de la vulgaire prose. Ça se débite debout. Allonger la colonne d'air pour donner du souffle aux mots. Il faut l'égrener de ses syllabes avec passion et flamboyance, le déclamer comme on fait l'amour, à grands coups d'hémistiches, au rythme de la césure. Ça vous pose un comédien, l'alexandrin. Et pas de place pour l'improvisation. On ne peut pas tricher avec un vers de douze pieds, petit." 

 On attend d'une dame-pipi qu'elle nettoie, pas qu'elle écrive. Les gens peuvent concevoir que je fasse des mots flèchés, des mots croisés, des mots mêlés, des mots cachés, des mots enfermés dans toutes sortes de grilles. Ces mêmes gens peuvent également admettre que je lise à mes heures perdues des romans-photos, des hebdos féminins, des magazines télé, mais que je pianote de mes doigts abîmés par l'eau de Javel sur le clavier d'un ordinateur portable pour y coucher mes pensées, ça, ça leur interpelle l'entendement. Pire, ça porte à suspicion. Il y a comme un malentendu, une erreur de casting. 





lundi 31 mars 2014

L'été solitaire - Elizabeth Von Arnim

Présentation de l'éditeur :


Début mai, Elizabeth annonce à son mari son intention de rester seule durant l'été "afin de retrouver les racines mêmes de la vie".
Les mois passent et Elizabeth se prélasse dans le calme et la pureté de son jardin, respirant les bonnes odeurs, se délectant de la lecture de ses auteurs fétiches.
Ce roman vous fait ressentir les joies de la nature, les couleurs et les saveurs d'un été passé au jardin.
Dans la vraie vie, Elizabeth est mariée à un aristocrate prussien rencontré en Italie et s'installe avec lui à Berlin. Cinq ans plus tard, le couple emménage à la campagne où la comtesse se découvre une vraie passion pour la vie rurale et le jardin.
Ce roman est la suite de son célèbre roman "Elizabeth et son jardin Allemand"

Mon avis :

Délicieusement désuet,  ce petit roman nous emmène dans le quotidien d'une anglaise mariée à un aristocrate allemand au tout début du 20ème siècle. Cet été solitaire, pour elle, ce n'est pas  se retrouver réellement seule à la campagne, c'est arrêter la vie mondaine et profiter de ses livres et de son jardin. Mode de vie d'une autre époque et d'un milieu qui n'existe plus guère, ce livre est une merveille de délicatesse, décrivant avec  une grande justesse le temps qui s'écoule, les plaisirs de la lecture mêlés à ceux du jardin que l'on essaie de (faire) mettre en forme, qui change selon la lumière, le temps qu'il fait, tout comme l'humeur d’Elizabeth.
Une écriture simple, qui coule, et nous tient de la première à la dernière page. Si le milieu dans lequel  évolue l'auteur  n'existe plus beaucoup, son écriture n'a pas pris une ride et ce qu'elle essaie de nous faire ressentir est intemporel. Un très beau livre à déguster au jardin sur une chaise longue.

lundi 10 mars 2014

L'homme qui marche - Yves Bichet

Présentation de l'éditeur :


Robert Coublevie marche sur la plus belle frontière du monde. Sa femme l'a quitté et il arpente ces hauts lieux où il croise des fleurs par milliers, des bêtes sauvages et libres, parfois un marcheur qui lui ressemble. Malgré tout, de temps à autre, il doit replonger dans le chaudron des villes... De nouveau confronté au tumulte, ne sachant que faire des tourments qu'il y découvre, Coublevie choisit d'en rire. La jeune Camille, elle, s'y débat comme un animal blessé, guettant les rumeurs du Café du Nord que tient son père. Elle a seize ans et dissimule de lourds secrets. Jusqu'où va-t-elle entraîner Coublevie ? Jusqu'à quel crime ? Veut-elle faire de lui le coupable idéal, le témoin complice ? Une chose est sûre : la traque a commencé. Yves Bichet, dans ce neuvième roman, dresse le portrait de personnages ardents et silencieux qui, debout sous les rafales, nous rappellent que la liberté est une folie joyeuse.

Mon avis :

Un homme qui se promène sans cesse sur un même itinéraire de montagne, il a tout abandonné après une déception amoureuse, mais revient régulièrement à Briançon ou il a ses habitudes, marcheur permanent, il nous décrit la montagne, son calme, ses odeurs, ses rencontres, la beauté permanente qui devrait  faire passer les maux de l'âme. A la ville dans le café qui est son repère habituel, une gamine aux lourds secrets qu'il essaie de comprendre et qui va l'entrainer  peu à peu dans son sillage.
Un livre dérangeant entre d'un coté la beauté de la nature,  qui peut permettre d'atteindre  une certaine paix, de l'autre les perversités de certains  que le personnage principal va peu à peu découvrir et qui vont l'entrainer ou il ne voulait plus aller. Mais en réalité voulait il vraiment rester ce qu'il était devenu ?
Ce récit se lit d'une traite, j'avançais dans le récit de plus en plus perplexe, et j'ai trouvé la fin dérangeante même si cet homme semble y avoir trouvé la paix. Mais peut être ai-je été simplement victime de mon éducation et de mes préjugés, à vous d'en juger.
Le style est très précis, clair, rend parfaitement la beauté de la montagne comme des âmes mais aussi la noirceur ce ces dernières. 
En conclusion un excellent livre qui peut déranger par une chute qui peut paraitre manquer de morale, mais n'est ce pas aussi un bon moyen de faire réfléchir ?

Extraits :

 Nous avons déjà expérimenté tant de choses... Le désir nous a dressés l'un vers l'autre, puis éconduits en quelque sorte. Nous avons développé une amitié si sensuelle et si abrasive que, même sans jamais nous toucher, nous sommes devenus esclaves. Cet élan n'en était pas un. Maintenant il nous rive. C'est la part du banal et la part du vertige. Je crois qu'embrasser en imagination empêche d'étreindre à jamais.

La joie, c'est différent Coublevie. la joie échappe aux souvenirs, elle est furtive. Elle est flou. Elle arrive comme par enchantement. Un regard, une caresse sur un bout de tissu, un parfum... Elle surgit à l'improviste et s'impose comme ça lui chante. Elle enfle d'un coup et puis explose et se désagrège. Après ça, plus rien. Une frustration, un dépit mais plus vraiment de trace. On ne garde pas souvenir de la joie. C'est trop volatil et imprécis. Un vrai truc de myope.