mercredi 27 novembre 2013

Un jour à la plage - Bernardo Carvalho

Présentation de l'éditeur :

Il y a bien des manières de raconter une histoire. L'une d'entre elles est sans paroles, en silence, à peine bercée par le bruit des vagues. Dans ce livre, les illustrations accompagnent les gestes ordinaires d'une journée à la plage qui s'achèvera de façon complètement inattendue ...




Mon avis :

Un album sans paroles, très coloré. Un  homme s'installe sur la plage et … réutilise tous les déchets qu'il retrouve et ils sont abondants pour … mais chut, c'est une surprise. Une petite fable écologique  très agréable pour faire parler les enfants, ou simplement les faire rêver, la technique utilisée pour les illustrations est très simple et donne un résultat très agréable. Mon esprit d'enseignant me fait penser à de multiples possibilités d'exploitation de cet album avec des enfants, mais laissons nous juste emporter par l' (les) histoire(s) que nous conte cet album, il est déjà assez riche par lui-même.

lundi 21 octobre 2013

L'homme de Marmara - Olivier Bass

Présentation de l'éditeur :


Lorsqu'ils retrouvent la Mare Nostrum après cinq mois d un périple autour du monde, les marins du Cévennes ont le sentiment de se rapprocher enfin de leurs foyers. Hélas, le navire est dérouté vers Istanbul où il doit impérativement faire escale. Au même moment, loin du Cévennes qui poursuit sa course dans la mer Égée, à deux cents milles nautiques par-delà les montagnes qui marquent la frontière entre la Grèce et la Turquie, un homme seul, au large de toute terre, se bat désespérément contre la noyade dans la mer de Marmara. Ce dernier sera repêché et caché à bord du cargo français. Et tandis que ses souvenirs referont peu à peu surface, l'équipage du Cévennes tentera de percer le mystère de son histoire.

Mon avis :
 
L'équipage du Cévennes est de retour d'un périple de cinq mois autour du monde, quand arrivant en Méditerranée, ils sont déroutés vers Istanbul. Arrivés en mer de Marmara, ils recueillent un homme accroché à des branchages flottants. Une fois à bord celui-ci sombre dans l'inconscience. Le récit se découpe en deux parties entremêlées, d'une part l'homme inconscient qui se rappelle sa vie, d'autre part l'escale du navire à Istanbul secoué par des évènements politiques. C'est au gré des visites de la ville, des rencontres et de leurs découvertes que l'on voit les membres de l'équipage peu à peu comprendre  qui est cet homme. L'auteur en profite pour nous faire découvrir de façon très documentée d'une part le fonctionnement d'un navire marchand et d'autre part Istanbul.

L'intrigue est construite toute en douceur, on entre peu à peu dans l'histoire des principaux protagonistes et l'histoire avance agréablement, bien menée d'un bout à l'autre je m'y suis vite laissé prendre . La découverte d'Istanbul comme de la vie sur le navire est passionnante aussi.

Si le style de l'auteur m'a donné au début une impression très mitigée , les dialogues me paraissant peu naturels,  très vite il  m'est devenu familier, il me fallait un temps d'adaptation . Malgré mes hésitations du début, j'ai passé un excellent moment, je n'ai pu m'arrêter avant de l'avoir terminé. C'est pour moi un très bon livre.

vendredi 12 juillet 2013

Attention ! Nic Sirkis

Présentation de l'éditeur :


Le 17 février 2011, Yann Orion, steward chez Air France, prend sa préretraite.
Période de retour sur soi qui réveille les cicatrices et les joies enfouies depuis l’enfance, sous le regard attentif et bienveillant de Guevara, le chat roux qui se charge de ramener son maître à la réalité. Il va réorganiser sa vie et quitter sa maison riche de précieux souvenirs, pour prendre un nouveau départ…
Un article découvert dans les pages du Canard Enchaîné, signalant la sortie d’un livre sur Van Gogh son peintre préféré, va bousculer l’existence de Yann Orion et l’entraîner en de rocambolesques aventures dans un jeu de l’oie parisien.
Au cours d’épisodes pleins d’humour, de tendresse, de suspense et d’effroi, Y. O. affrontera l’alter étrangère, « Insaisissable entre-deux », et, dans un récit en abyme, véritable work in progress, découvrira les affres de la création.

Mon Avis : 

Yann se retrouve en pré-retraite, un peu désorienté par toute cette liberté nouvelle, on le suit pendant toute une année de rencontres en projets jusqu'à l'apparition d'une  "double " de lui-même qui l'accompagnera  dans un jeu de cache cache jusqu'à l'accomplissement de sa propre œuvre écrite … mais tout est il aussi simple ?

J'ai beaucoup aimé ce roman, il ne semble pas se passer grand-chose pendant une bonne moitié et pourtant l'écriture nous accroche, on est emmené avec Yann dans de belles balades au cœur de Paris, il nous entraine peu à peu dans ses projets, et c'est dans la seconde partie que l'on arrive dans un jeu de cache-cache dont le lecteur devra trouver lui-même la solution, alors est on dans le fantastique ou dans quelque chose de beaucoup plus terre à terre, l'auteur ne nous dévoile rien, à nous d'imaginer la solution.

L'écriture de Nic Sirkis est très agréable, on est placé dans la vie quotidienne avec les actualités de cette année 2011 2012 en France, c'est aussi un bel hommage à l'amitié. Clin d'œil supplémentaire aux lecteurs qu'un chat surveille, ils pourraient bien se reconnaitre dans les relations entre Yann et Guevara, son chat roux.

Un très bon roman à lire d'une traite.

samedi 30 mars 2013

Anne Sylvestre : "Et elle chante encore ?" - Daniel Pantchenko

Présentation de l'éditeur :


Née à Lyon en 1934, Anne-Marie Beugras, future Anne Sylvestre, passe son enfance dans la banlieue lyonnaise. En 1944, la famille se réfugie chez un oncle à Suresnes. Adjoint de Doriot, le leader du PPF, parti collaborationniste, Albert Beugras, le père d'Anne, s'enfuit en Allemagne. Arrêté, il échappera à la peine capitale mais passera plus de huit ans en prison. En 1974, sous le nom de Marie Chaix, la sœur d'Anne racontera son histoire dans Les lauriers du Lac de Constance. Anne Sylvestre se lance dans la chanson en novembre 1957 au cabaret La Colombe. De 1961 à 1967, elle enregistre six albums, récolte plusieurs Prix, passe à l'Olympia avec Gilbert Bécaud, à Bobino avec Jean-Claude Pascal et Félix Leclerc. La qualité de ses textes lui vaut d'être comparée à Brassens. Parallèlement, elle commence très vite à écrire des chansons pour enfants, domaine dans lequel elle fait figure de véritable pionnière avec ses fameuses Fabulettes. Dès 1973, Anne Sylvestre est également l'une des premières à autoproduire ses disques et ses spectacles. Cette indépendance lui permet d'écrire des chansons engagées, en particulier sur le thème de l'émancipation des femmes. Elle s'est ainsi attaché un public fidèle qui la suit depuis longtemps. En février 2013, à 78 ans, elle sera à nouveau à l'affiche d'une grande salle parisienne pour la sortie de son 22e album... Après s'être toujours opposée à toute biographie, la chanteuse a finalement accepté d'y participer et d'aborder pour la première fois de façon directe certains aspects de sa vie privée qui constituent autant de clés pour mieux apprécier ses chansons.

Mon avis :

Daniel Pantchenko, dans ce livre superbement documenté, nous offre  une très belle biographie d'Anne Sylvestre. C'est un parcours complet, depuis son enfance jusqu'en 2012, toute la vie et les plus de cinquante ans de  carrière d'Anne nous sont retracées. On retrouve tous ceux qui à différents moments l'ont côtoyée, Un grand nombre de ses chansons sont décryptées.   Pour moi qui depuis l'adolescence ait suivi sa carrière, d'abord avec ses chansons pour adultes puis avec ses chansons pour les enfants, découvertes pour mes élèves, puis pour mes propres enfants, c'est un document extraordinaire, qui permet d'aller plus loin sur l'histoire des chansons. En effet, si elles nous apparaissent universelles, elles  ont toutes une histoire que ce livre nous permet de découvrir ou redécouvrir. On découvre aussi les difficultés pour un artiste de mener sa carrière, et en particulier pour Anne qui  n'a jamais fait de concession et a poursuivi obstinément son bonhomme de chemin.
Daniel Pantchenko a fait un travail remarquable et réunit comme à son habitude une documentation précise et abondante pour notre plus grand plaisir, son style est clair, le livre malgré les 475 pages se lit très facilement. Un seul problème avec toutes les références données dans ce livre, ma "pile à lire" n'est pas prête de diminuer.
Un livre à lire absolument si on s'intéresse à la chanson (là c'est obligatoire) et si on ne s'y intéresse pas  c'est tout aussi passionnant.

Quelques extraits :

Elle constatait que si  un lac ne parle pas, il réfléchit, il réfléchit tout ce qui borde ses rives et tout ce qui le survole ; et quand on a appris à traduire ces réflexions, on découvre qu'il est capable d'absorber celles des humains et de les leur  retourner en "langue de l'eau", exactement comme un miroir. Et de plus en plus pollué.

Un jour, maman m'a ouvert un compte à la librairie ; j'y allais quand j'en avais envie, je prenais les livres que je voulais, et à la fin du mois elle allait régler. Déjà, on avait de bonnes subventions culturelles ! J'avais entre quinze et vingt ans, c'était vraiment chouette !

vendredi 22 mars 2013

Les constellation passaient au-dessus des grands arbres - Nicolas Dariel

Présentation de l'éditeur :


A l'occasion d'une exposition de peinture dans un village de l'arrière-pays niçois, Victor se remémore un détail très ancien qui va déclencher l'engrenage de toute une aventure. Plusieurs toiles non répertoriées, peintes par son aïeule, Marie Lanoa, dans les années 14 - 18, ont été bel et bien dispersées sur le marché de l'art. Cet événement ravive les sentiments et les souvenirs de Victor. Il imagine la vie de cette artiste et celle de son époux pendant ces années de guerre et de séparation... S'ensuit la rencontre de deux personnages, Victor et Paul, un journaliste, qui vont s'entretenir à maintes reprises pour tenter de faire revivre cette artiste hors du commun, ainsi que le destin de quelques tableaux... Deux personnages qui vont, tout au long d'une enquête pour le moins rocambolesque, nous faire découvrir une bien étrange relation et au fond, toute leur complémentarité.

Mon avis :

Victor, la soixantaine, installé dans son manoir fait revivre ses grands parents disparus. Il remue les souvenirs avec l'aide de son cousin Charles et écrit un livre sur leur vie durant la guerre de 1914-1918. Apparait ensuite Paul, un journaliste qui l'emmène sur les traces des femmes artistes de la fin du 19ème et du 20ème siècle, c'est avec lui que Victor part sur les traces de tableaux inconnus de Marie Lanoa, sa grand-mère, qui les mèneront jusque dans un New York de série policière qui nous conduira, nous les lecteurs, à des conclusions incertaines.

Si on prend ce livre comme une enquête sur l'œuvre d'une artiste peu connue bien que majeure dans son époque, on peut être déçu par l'intrigue, ce n'est pas ce que j'en retiendrai, plus important et évocateur me semblent être les relations de Victor avec son passé, son cousin Charles, et Paul ce journaliste si différent de lui, mais qu'il voit peu à peu dans sa sensibilité et son histoire et qu'il découvre complémentaire. Les considérations dans le courant du livre sur les femmes artistes de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle sont également très intéressantes.

Le style d'écriture de Nicolas Dariel m'a un peu dérouté au début du roman, mais il m'a peu à peu apprivoisé et  j'ai quitté ce roman à regret, ce qui est tout de même un très bon signe.

Une lecture très agréable qui donne envie de suivre cet auteur.

Quelques extraits :

C'est une exubérante liberté qui guidait sa main,  le crayon mêlé à la couleur, la couleur débordant allègrement les contours, les blancs, la toile laissée nue par endroits pour mieux opposer les champs de couleurs, le tout composé comme des semblants d'improvisations pour la mettre définitivement en place au cœur de ces aventuriers du fauvisme qui empruntaient à l'époque des méandres secrets reliant le monde de l'inconscient à la réalité  palpable et visible du temps présent, combinaisons audacieuses prises dans le piège de la toile.

La peinture, c'est un moyen de locomotion pour faire le tour du monde autour d'une pomme, dixit Cézanne, un luxe sublime de l'esprit débouchant sur une poésie soudain lue dans son ensemble, un seul bloc dans lequel le début et la fin se confondent.

Oui, ils sont dans des mondes différents, mais sa seule présence aide Victor à préciser ses propres idées. Une conversation qui tourne en deux monologues n'est pas forcément stérile. L'évidence des rouages vient  par surprise. On comprend après coup, si la patience est de la partie.

Une ville sans eau n' a pas de cœur. … 
Là où il ya de l'eau, quelle qu'elle soit, rivière ou mer, on ne se sent pas prisonnier, on n'est jamais seul.

mercredi 6 février 2013

Monsieur Croche, Antidilettante - Claude Debussy

Présentation de l'éditeur :


Indépendant et incisif, parfois sarcastique, toujours provocant, Debussy a exercé le métier de critique avec une grande liberté. En exprimant des jugements sur les compositeurs de son temps et sur ceux du passé, il révèle quelles sont les œuvres qui ont nourri sa propre sensibilité. 




Mon avis :

Un très beau recueil de critiques sur la musique de son temps. Je connaissais bien sur le  compositeur Debussy, mais ce livre m'a permis de découvrir le critique, dans un style très agréable à lire, après s'être essayé à utiliser un imaginaire Monsieur Croche pour donner son avis sur musique et interprètes de son temps, il reprend les commandes en son nom et nous montre avec sévérité mais en restant toujours positif, les travers de la musique  et surtout de ses interprètes.

Quelques extraits :


Sachez donc bien qu’une véridique impression de beauté ne pourrait avoir d’autres effets que le silence… ? Enfin, voyons ! quand vous assistez à cette féerie quotidienne qu’est la mort du soleil, avez-vous jamais eu la pensée d’applaudir ? Vous m’avouerez que c’est pourtant d’un développement un peu plus imprévu.

Les musiciens n’écoutent que la musique écrite par des mains adroites ; jamais celle qui est inscrite dans la nature. Voir le jour se lever est plus utile que d’entendre la Symphonie Pastorale.

Et c’est toute la différence entre l’art de Wagner, beau et singulier, impur et séduisant, et l’art de Franck qui sert la musique sans presque lui demander de gloire. Ce qu’il emprunte à la vie, il le restitue à l’art avec une modestie qui va jusqu’à l’anonymat. Quand Wagner emprunte à la vie, il la domine, met le pied dessus et la force à crier le nom de Wagner plus haut que les trompettes de la Renommée.

Je n’ai pas l’intention de contribuer à l’histoire de la musique. Seulement je voulais insinuer qu’on a peut-être tort de jouer toujours les mêmes choses, ce qui peut faire croire à de très honnêtes gens que la musique est née d’hier, tandis qu’elle a un Passé dont il faudrait remuer les cendres : elles contiennent cette flamme inéteignable à laquelle notre Présent devra toujours une part de sa splendeur.

Enfin ! J’ai pu voir M. Grieg… De face, il a l’air d’un photographe génial ; de dos, une façon de porter les cheveux le fait ressembler à ces plantes appelées « soleil », chères aux perroquets et à ces jardins qui font l’ornement des petites gares de province.

Le public anglais écoute avec une attention, on peut dire forcenée. S’il y a ennui, cela ne se trahit jamais ; la salle étant, d’autre part, plongée dans l’obscurité pendant la durée des actes, on peut même y dormir en toute sécurité. On applaudit seulement à la fin de chaque acte, tradition essentiellement wagnérienne ; et le docteur Richter s’en va content, insensible aux ovations, peut-être impatient d’une bière réparatrice.