Indépendant et
incisif, parfois sarcastique, toujours provocant, Debussy a exercé le métier de
critique avec une grande liberté. En exprimant des jugements sur les
compositeurs de son temps et sur ceux du passé, il révèle quelles sont les
œuvres qui ont nourri sa propre sensibilité.
Mon avis :
Un très beau recueil
de critiques sur la musique de son temps. Je connaissais bien sur le compositeur Debussy, mais ce livre m'a permis
de découvrir le critique, dans un style très agréable à lire, après s'être essayé
à utiliser un imaginaire Monsieur Croche pour donner son avis sur musique et
interprètes de son temps, il reprend les commandes en son nom et nous montre
avec sévérité mais en restant toujours positif, les travers de la musique et surtout de ses interprètes.
Quelques extraits :
Sachez donc bien
qu’une véridique impression de beauté ne pourrait avoir d’autres effets que le
silence… ? Enfin, voyons ! quand vous assistez à cette féerie quotidienne
qu’est la mort du soleil, avez-vous jamais eu la pensée d’applaudir ? Vous
m’avouerez que c’est pourtant d’un développement un peu plus imprévu.
Les musiciens
n’écoutent que la musique écrite par des mains adroites ; jamais celle qui est
inscrite dans la nature. Voir le jour se lever est plus utile que d’entendre la
Symphonie Pastorale.
Et c’est toute la
différence entre l’art de Wagner, beau et singulier, impur et séduisant, et
l’art de Franck qui sert la musique sans presque lui demander de gloire. Ce
qu’il emprunte à la vie, il le restitue à l’art avec une modestie qui va
jusqu’à l’anonymat. Quand Wagner emprunte à la vie, il la domine, met le pied
dessus et la force à crier le nom de Wagner plus haut que les trompettes de la
Renommée.
Je n’ai pas
l’intention de contribuer à l’histoire de la musique. Seulement je voulais
insinuer qu’on a peut-être tort de jouer toujours les mêmes choses, ce qui peut
faire croire à de très honnêtes gens que la musique est née d’hier, tandis
qu’elle a un Passé dont il faudrait remuer les cendres : elles contiennent
cette flamme inéteignable à laquelle notre Présent devra toujours une part de
sa splendeur.
Enfin ! J’ai pu voir
M. Grieg… De face, il a l’air d’un photographe génial ; de dos, une façon de
porter les cheveux le fait ressembler à ces plantes appelées « soleil », chères
aux perroquets et à ces jardins qui font l’ornement des petites gares de province.
Le public anglais
écoute avec une attention, on peut dire forcenée. S’il y a ennui, cela ne se
trahit jamais ; la salle étant, d’autre part, plongée dans l’obscurité pendant
la durée des actes, on peut même y dormir en toute sécurité. On applaudit
seulement à la fin de chaque acte, tradition essentiellement wagnérienne ; et
le docteur Richter s’en va content, insensible aux ovations, peut-être
impatient d’une bière réparatrice.
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