lundi 2 juillet 2012

L'homme illustré - Ray Bradbury

Présentation de l'éditeur :


" Il retira sa chemise et la roula en boule. De l'anneau bleu tatoué autour de son cou jusqu'à la taille, il était couvert d'illustrations. "Et c'est comme ça jusqu'en bas", précisa-t-il, devinant ma pensée. "Je suis entièrement illustré. Regardez !" Il ouvrit la main. Sur sa paume, une rose. Elle venait d'être coupée ; des gouttelettes cristallines émaillaient ses pétales délicats. J'étendis ma main pour la toucher, mais ce n'était qu'une image. "Mais elles sont magnifiques ! m'écriai-je. - Oh oui, dit l'Homme Illustré. Je suis si fier de mes Illustrations que j'aimerais les effacer en les brûlant. J'ai essayé le papier de verre, l'acide, le couteau... Car, voyez-vous, ces Illustrations prédisent l'avenir." " Dix-huit Illustrations, dix-huit histoires à fleur de peau par l'un des plus grands poètes du fantastique et de la science-fiction. 

Mon avis : 

Un homme illustré rencontre le narrateur, qui, fasciné, va regarder chacune des scènes dessinées sur le corps de son compagnon d'un moment. Or ces scènes ne sont pas de simples tatouages, mais chacune s'anime et raconte une histoire.  Cette toute petite partie du livre permet de donner un cadre à ce recueil de nouvelles de sciences fiction qui explore quelques avatars de possibles évolutions de la science. Du conflit entre les parents et les enfants qui finissent par se révolter en utilisant leur salle de jeu très particulière, à la colonisation de mars par les noirs américains opprimés en passant par  la fuite sur mars, qui est beaucoup mise à contribution dans ce recueil, des auteurs de livres interdits sur la terre .
Le format de la nouvelle, permet à Ray Bradbury de s'affranchir des détails scientifiques supposés supporter les évolutions de notre monde, ce qui permet au récit d'avoir une certaine légèreté et de se concentrer sur une caractéristique de caractère ou de comportement des personnages où des populations.
Le style n'a absolument pas vieilli, et je me suis laissé prendre par l'ambiance à chaque fois différente de ces dix-huit nouvelles. Un livre  à (re)lire absolument.
A la fin, bien sur, on revient à la dernière scène promise par l'homme illustré au narrateur, et qui doit le concerner directement … et effectivement, elle le concerne !

Quelques extraits :


Nous sommes tous idiots, dit Clemens, sans arrêt. Seulement cela change tous les jours. Nous nous disons : Je n’ai pas fait l’idiot aujourd’hui, j’ai appris ma leçon. J’ai été un idiot hier, mais pas ce matin. Et puis, le lendemain, on s’aperçoit qu’on l’a été encore une fois. Je crois que la seule façon que nous ayons de grandir et de faire notre chemin dans ce monde, c’est d’accepter le fait que nous ne sommes pas parfaits, et de vivre en conséquence.

J'ai besoin de ça, tenir toujours les choses à ma portée, afin d’y croire. Comme c’est lourd, et gauche, d’avoir besoin de sortir pour aller chercher et rapporter quelque chose de terriblement physique pour prouver quelque chose. Je déteste les choses physiques, car on peut les laisser tomber ; et alors il devient impossible de croire qu’elles existent.

Mrs Morris rentra et s’assit dans le fauteuil électrique à relaxation, en buvant quelques gorgées dans son verre à moitié vide. Le fauteuil lui massa le dos. « Ah, les enfants ! Les enfants, l’amour et la haine, côte à côte. Quelquefois les enfants vous aiment, et ils vous détestent l’instant d’après. Étranges enfants, oublient-ils jamais ou pardonnent-ils les corrections et les paroles sévères ? Comment, se demandait-elle, peut-on jamais oublier ou pardonner ces grandes personnes qui vous dominent, ces tyrans de haute taille, et stupides ? »

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