" Il retira sa
chemise et la roula en boule. De l'anneau bleu tatoué autour de son cou jusqu'à
la taille, il était couvert d'illustrations. "Et c'est comme ça jusqu'en
bas", précisa-t-il, devinant ma pensée. "Je suis entièrement illustré.
Regardez !" Il ouvrit la main. Sur sa paume, une rose. Elle venait d'être
coupée ; des gouttelettes cristallines émaillaient ses pétales délicats.
J'étendis ma main pour la toucher, mais ce n'était qu'une image. "Mais
elles sont magnifiques ! m'écriai-je. - Oh oui, dit l'Homme Illustré. Je suis
si fier de mes Illustrations que j'aimerais les effacer en les brûlant. J'ai
essayé le papier de verre, l'acide, le couteau... Car, voyez-vous, ces
Illustrations prédisent l'avenir." " Dix-huit Illustrations, dix-huit
histoires à fleur de peau par l'un des plus grands poètes du fantastique et de
la science-fiction.
Mon avis :
Un homme illustré
rencontre le narrateur, qui, fasciné, va regarder chacune des scènes dessinées
sur le corps de son compagnon d'un moment. Or ces scènes ne sont pas de simples
tatouages, mais chacune s'anime et raconte une histoire. Cette toute petite partie du livre permet de
donner un cadre à ce recueil de nouvelles de sciences fiction qui explore
quelques avatars de possibles évolutions de la science. Du conflit entre les
parents et les enfants qui finissent par se révolter en utilisant leur salle de
jeu très particulière, à la colonisation de mars par les noirs américains
opprimés en passant par la fuite sur
mars, qui est beaucoup mise à contribution dans ce recueil, des auteurs de livres
interdits sur la terre .
Le format de la
nouvelle, permet à Ray Bradbury de s'affranchir des détails scientifiques
supposés supporter les évolutions de notre monde, ce qui permet au récit
d'avoir une certaine légèreté et de se concentrer sur une caractéristique de
caractère ou de comportement des personnages où des populations.
Le style n'a
absolument pas vieilli, et je me suis laissé prendre par l'ambiance à chaque
fois différente de ces dix-huit nouvelles. Un livre à (re)lire absolument.
A la fin, bien sur,
on revient à la dernière scène promise par l'homme illustré au narrateur, et
qui doit le concerner directement … et effectivement, elle le concerne !
Quelques extraits :
Quelques extraits :
Nous sommes tous
idiots, dit Clemens, sans arrêt. Seulement cela change tous les jours. Nous
nous disons : Je n’ai pas fait l’idiot aujourd’hui, j’ai appris ma leçon. J’ai
été un idiot hier, mais pas ce matin. Et puis, le lendemain, on s’aperçoit
qu’on l’a été encore une fois. Je crois que la seule façon que nous ayons de
grandir et de faire notre chemin dans ce monde, c’est d’accepter le fait que
nous ne sommes pas parfaits, et de vivre en conséquence.
J'ai besoin de ça,
tenir toujours les choses à ma portée, afin d’y croire. Comme c’est lourd, et
gauche, d’avoir besoin de sortir pour aller chercher et rapporter quelque chose
de terriblement physique pour prouver quelque chose. Je déteste les choses physiques,
car on peut les laisser tomber ; et alors il devient impossible de croire
qu’elles existent.
Mrs Morris rentra et
s’assit dans le fauteuil électrique à relaxation, en buvant quelques gorgées
dans son verre à moitié vide. Le fauteuil lui massa le dos. « Ah, les enfants !
Les enfants, l’amour et la haine, côte à côte. Quelquefois les enfants vous aiment,
et ils vous détestent l’instant d’après. Étranges enfants, oublient-ils jamais
ou pardonnent-ils les corrections et les paroles sévères ? Comment, se
demandait-elle, peut-on jamais oublier ou pardonner ces grandes personnes qui
vous dominent, ces tyrans de haute taille, et stupides ? »
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