Dans quel monde
entrait le vieil Eguchi lorsqu’il franchit le seuil des Belles Endormies ? Ce roman, publié en 1961, décrit la quête des
vieillards en mal de plaisirs. Dans une mystérieuse demeure, ils viennent
passer une nuit aux côtés d’adolescentes endormies sous l’effet de puissants
narcotiques.
Pour Eguchi, ces
nuits passées dans la chambre des voluptés lui permettront de se ressouvenir
des femmes de sa jeunesse, et de se plonger dans de longues méditations. Pour
atteindre, qui sait ? au seuil de la mort, à la douceur de l’enfance et au
pardon de ses fautes.
Mon avis :
Une bien curieuse
histoire dans un très beau roman.
Eguchi, un homme de
67 ans découvre par l'intermédiaire d'un de ses amis une maison dans laquelle
des hommes déjà vieux peuvent passer la nuit auprès de jeunes filles plongées
dans un profond sommeil. Il reviendra plusieurs fois dans cet établissement où
nuit après nuit lui reviendront les souvenirs des femmes qu'il a aimées, sa mère,
ses filles, ses maîtresses …
Malgré la situation
étrange dans laquelle il plonge ses personnages, Kawabata parvient à garder une atmosphère poétique, pleine de pudeur et de tendresse. Son personnage qui s'interroge
sur la vieillesse et sa propre mort sera confronté à ses souvenirs et directement
à la mort, celle plus lointaine d'un autre vieillard, mais aussi celle plus
troublante d'une des belles endormies.
On retrouve les
thèmes favoris de l'auteur traités avec toute la délicatesse dont il est
capable.
Quelques extraits :
Cependant sa
fille s'était comme épanouie en jeune épouse, et elle avait embelli. A supposer
même que ce ne fut qu'une transformation physiologique marquant le passage de
la jeune fille à la jeune femme, elle n'aurait sans doute pu avoir cet éclat de
fleur s'il y avait eu la moindre ombre sur le plan psychologique. Après la
naissance de son enfant, son teint était devenu lumineux comme si elle avait
été lavée jusque dans l'intérieur de son corps, et elle avait acquis une sorte
de sérénité.
La pensée qu'il
se pouvait qu'elle fut pour lui sa dernière femme jeune la lui avait rendue
inoubliable, mais peut être elle non plus n'avait elle oublié le vieil Eguchi.
Sans qu'ils en eussent été profondément blessés ni l'un ni l'autre, et dussent ils
en garder le secret toute leur vie, ni l'un ni l'autre sans doute
n'oublieraient jamais.
Très tentée par cet auteur. Dès que ma PAL arrive à une taille plus normale, je me lance.
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